Les coulisses                  de l’atelier

La fonte

Travaillant essentiellement l’argent, je me le procure de diverses façons : je le récupère sur d’anciens bijoux, je réunis toutes mes chutes ou je l’achète en grenailles, à son état brut.

Je fonds les petits morceaux d’argent au chalumeau jusqu’à ce qu’ils se liquéfient pour pouvoir ensuite verser l’argent en fusion dans les rails préformés d’une lingotière.

Le façonnage

L’argent étant maintenant de la forme choisie (différentes tailles de boudins ou petites plaques), je le passe ensuite au laminoir pour continuer à lui donner la forme recherchée : fils carrés ou planés de différentes épaisseurs. 

Grâce aux fils carrés, je peux ensuite fabriquer des fils aux formes diverses. En les réchauffant régulièrement, je les étire à l’aide de filières pour fabriquer des fils ronds, demi-joncs, etc….

Ces plaques aux différentes épaisseurs et ces fils aux différentes formes me permettent ensuite de fabriquer chaque pièce du bijou à réaliser. Leur façonnage s’effectue selon des procédés variés : forger, scier, limer, percer, fraiser, former, assembler, emboutir, rainurer, graver, etc…

Pour certaines pièces qui le nécessitent, je sculpte des maquettes en cire.

Grâce à la technique de la fonte à cire perdue, cela me permet de tirer la version en argent de ma maquette en cire.

L’avantage est de pouvoir jouer sur des volumes et formes complexes, difficiles à réaliser directement avec le métal.

Cette technique est également utilisée pour faire des prototypes servant à la fabrication de bijoux en petites séries.

La brasure

Une fois fabriquées, je fais une brasure des pièces qui le nécessitent, en faisant fondre un paillon en argent pour les assembler. J’utilise du borax, un flux qui facilite le processus de brasure. La magie de cette étape réside dans un juste dosage de répartition de la chaleur. Le petit paillon d’argent ne fond pas sous la flamme du chalumeau mais sous l’action de la chaleur dégagée par la pièce. 

Pour enlever les résidus de la brasure dus à l’oxydation de la pièce, je la « déroche ». 

La plupart des bijoutiers utilise une machine à dérocher dans laquelle ils plongent la pièce soudée dans un bain chauffé d’acide sulfurique. Pour ma part, j’utilise un bain chauffé de vinaigre blanc et de gros sel. C’est un peu plus long mais tout aussi efficace pour décaper les pièces soudées !

 

Les finitions

Une fois les résidus enlevés, il est possible de réaliser les finitions. C’est-à-dire émeriser avec différents petits outillages, en faisant des passages croisés avec des grains de plus en plus fins. Et ce, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucune rayure ou trace visible.

Lorsque je souhaite rendre l’argent brillant ou apporter un effet miroir, je polis le bijou. J’utilise une polisseuse dont je change les patins et pâtes à polir en fonction des effets recherchés.

Afin d’enlever tous les derniers résidus de pâtes à polir, je place ensuite les bijoux dans un bac à ultrasons. Pour des raisons écologiques, j’ai opté pour un bain d’eau savonneuse qui parvient à les nettoyer très efficacement.

Enfin, pour éviter toute rayure éventuelle, je les sèche dans de la sciure de bois, chauffée dans un tambour.

Le poinçonnage

La pièce est enfin terminée mais avant de pouvoir la mettre en vente, je la signe, en insculpant mon poinçon de fabricant. Il me permet de garantir la traçabilité des bijoux que je réalise.

Le poinçon de fabricant est suffisant pour des petites pièces. Lorsqu’elles dépassent un certain poids, il faut également rajouter un poinçon de titre afin de garantir le titre du métal. Pour l’argent, il est obligatoire à partir de 30g et pour l’or et le platine, à partir de 3g.   

En bref, l’utilisation de métaux précieux est soumise à une réglementation spécifique, contrôlée par les Services des douanes. Je vous épargne les explications sur le livre de police, la balance homologuée et pleins d’autres petits détails administratifs qui font le bonheur quotidien de tous les bijoutiers ! 

Quoi qu’il en soit, ce fut une réelle joie (et même une certaine fierté !) d’avoir enfin eu mon poinçon entre mes mains pour pouvoir signer mes premiers bijoux !

Mon poinçon de maitre s’identifie par trois réseaux, représentant mon trio familial. J’ai choisi cette symbolique du roseau qui plie mais ne casse pas car cette philosophie de vie me guide et me nourrit au quotidien. Résistant , il persiste et se dépasse pour avancer, cheminer sur sa Voie, en quête de Soi, en quête de Vie.